Les PME dans la bataille de l’accès à l’énergie en Afrique.

Face aux énormes défis et les déficits anticipés dans le développement des sources d’énergie sur le continent, les besoins d’investissements sont gigantesques. Un allègement de cette charge devrait revenir aux Petites et moyennes entreprises qui sont au centre des relais de distribution.

« Garantir l’accès de tous à des services énergétiques fiables, durables et modernes, à un coût abordable », tel fut l’un des principaux Objectifs de développement durable (ODD) définis par l’Organisation des Nations unies en 2015. Une résolution qui fait suite à un constat de la situation dans les Pays les moins avancés, surtout en Afrique. Pourtant, selon les chiffres de la Banque africaine de développement (BAfD), l’Afrique est dotée d’un immense potentiel énergétique, énergie renouvelable notamment, mais elle n’en utilise actuellement qu’une partie. L’hydroélectricité fournit environ un cinquième de la capacité actuelle; seulement, le potentiel utilisé ne correspond même pas au dixième du total. Le potentiel technique d’énergie solaire, éolienne et géothermique et de la bioénergie est également important et représente . Ce qui fait que plus de 645 millions d’Africains n’ont pas accès à l’énergie, ce qui correspond à un taux d’accès légèrement supérieur à 40%, le niveau le plus faible du monde. La consommation d’électricité par habitant en Afrique subsaharienne (hors Afrique du Sud) est de 180 kWh, contre 13 000 kWh par habitant aux États-Unis et 6500 kWh en Europe.

Accès difficile aux sources d’énergie en Afrique

Selon la Conférence des Nations unies pour le commerce et le développement (CNUCED), « plus de 40 % des entreprises dans les Pays les moins avancés (PMA), particulièrement en Afrique, sont freinées dans leurs activités de production par un approvisionnement en électricité inadéquat, peu fiable et trop coûteux. Chaque mois, les entreprises subissent en moyenne dix coupures de courant d’une durée approximative de cinq heures chacune, qui leur coûtent 7 % de leur chiffre d’affaires. » Et pourtant, l’accès à l’énergie est crucial pour atteindre les objectifs en matière de santé et d’éducation, et pour réduire le coût de la pratique des affaires, libérer le potentiel économique et créer des emplois.

Cette situation pousse à se questionner sur la façon d’améliorer l’accès à l’énergie sur le continent. Jusqu’à ce jour, le modèle économique de l’approvisionnement en énergie demeure confiné dans un modèle de services publics contrôlés par les pouvoirs publics. Bien évidemment, la lourdeur bureaucratique qui y règne ralentit très souvent l’expansion des réseaux. Même dans les pays ayant cédé à la privatisation des entreprises publiques, le transport de l’énergie demeure la chasse gardée de l’État. Dans le contexte démographique de l’Afrique, cette option demeure extrêmement coûteuse.

Il faut donc trouver le moyen de porter l’énergie de manière efficace autant dans les villes, qui sont en croissance, que dans les régions rurales où se déroule l’essentiel de l’activité agricole par exemple. Cela signifie instaurer une efficacité dans la manière dont l’énergie est produite et distribuée sur le continent. À la BAfD, on compte augmenter la transmission de l’électricité par le réseau et les raccordements de 160 %, afin d’atteindre 130 millions de nouvelles connexions d’ici à 2025 et dans le même temps, accroître la production hors réseau pour ajouter 75 millions de connexions d’ici à 2025, une hausse 20 fois supérieure à celle de l’Afrique aujourd’hui.

Pour un nouveau modèle de distribution de l’électricité

L’une des voies à emprunter, pour l’Agence internationale de l’énergie (AIE), est « l’interconnexion de sources de production modulaires de petite taille aux systèmes de distribution de courant alternatif basse tension ». Ces mini-réseaux représentent une option prometteuse pour élargir l’accès à l’électricité sur l’ensemble du continent tout en exploitant également l’énorme potentiel des énergies renouvelables. L’AIE indique que pour réaliser l’Objectif du développement durable en énergie et offrir l’accès à une énergie durable pour tous en Afrique, 40% des nouvelles connexions nécessaires devront provenir de mini-réseaux. » D’autre part, de nombreux experts ont démontré que « l’exploitation décentralisée des énergies renouvelables (sous forme de mini-réseaux ou de production individuelle) permet donc de contourner les coûts élevés d’investissement de l’extension du réseau dans les zones peu peuplées et reculées, voire même péri-urbaines lorsque le réseau est inexistant. Un modèle décentralisé peut contribuer au développement socio-économique des zones défavorisées et initier ainsi un cercle vertueux. » Ces mini-réseaux, décentralisés et en partie autonomes, devront bénéficier du concours du secteur privé à travers de Petites et moyennes entreprises (PME). Ce qui peut assurer une efficacité énergétique dans le déploiement industriel et édifier des organes structurels des entreprises privées et coopératives dans l’offre d’un mix énergétique.

L’expertise en énergie est un secteur en plein boom depuis une dizaine d’années et de nombreuses entreprises y ont fait leur nid parce que l’Afrique a le potentiel de monter un modèle de développement écologique nouveau. Parmi les solutions innovantes, on retrouve le développement et la distribution d’unités photovoltaïques dans le solaire, l’implantation de champs éoliens, la production de bioénergie et l’implantation de technologies géothermiques. À cette échelle de projets, les financements sont beaucoup plus accessibles d’autant plus que la tendance à un développement responsable est mondiale et que la valeur des actifs est en explosion.

Pour prendre l’exemple du Canada, qui détient une des meilleures expertises en la matière dans le monde, les actifs en énergie du Canada (AEC) sont des actifs à long terme détenus par des sociétés d’énergie inscrites et sous contrôle canadien. Ces actifs sont constitués de propriétés, d’usines et d’équipement liés à l’énergie ainsi que de tout autre actif lié à l’énergie au pays ou à l’étranger. Les derniers chiffres disponibles révèlent que l’on comptait en 2017, 278 sociétés canadiennes actives dans le secteur de l’énergie, dont 59 possédaient des actifs en énergie d’une valeur supérieure à 1 milliard $CAD. La valeur totale des AEC est passée de 579 milliards $CAD en 2016 à 650 milliards $CAD en 2017, ce qui représente une augmentation de 12 %, principalement attribuable aux investissements au Canada, aux États-Unis et au Mexique. La valeur des AEC a diminué dans d’autres régions, la baisse la plus importante ayant été enregistrée en Asie et en Afrique. Au ministère des Ressources naturelles du Canada, on précise qu’à la même année, 130 sociétés d’énergie possédaient des participations dans 74 pays et ont totalisé 199 milliards $CAD en 2017, ce qui représente 31% des actifs totaux. Nul doute que le marché africain, de nouveau ouvert aux investissements à moyen et long terme, sera assez alléchant pour ramener l’expertise canadienne accompagnée de fonds conséquents.

 



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